Arbres isolés
Description
Les arbres isolés agrémentent nos villes et nos campagnes. Parfois reliquats de surfaces forestières naturelles, ils ont la plupart du temps été plantés par l’homme. A Genève, de nombreuses propriétés et jardins privés abritent des arbres isolés. De par la diversité des taxons* (aujourd’hui plus de 1000 essences recensées) et la qualité des sujets qui y sont cultivés, ils contribuent à enrichir significativement le patrimoine arboré du canton.
Parmi les essences les plus fréquentes, il y a principalement des espèces* indigènes* comme le chêne pédonculé (Quercus robur), le charme (Carpinus betulus), le frêne (Fraxinus excelsior), l’érable plane (Acer platanoides), l’érable champêtre (Acer campestre) ou l’érable sycomore (Acer pseudoplatanus). Le canton abrite aussi de très nombreuses variétés horticoles* comme le marronnier (Aesculus hippocastanum), les cèdres (Cedrus spp.) ou les platanes (Platanus spp.).
Au pied des arbres, dans les secteurs piétinés soumis aux déjections canines, il est parfois possible d’observer des groupements à orge des rats (Sisymbrion officinalis : Hordeetum murini)20. Ces unités thermophiles* sont dominées par l’orge des rats (Hordeum murinum)20, souvent associé à l’ivraie vivace (Lolium perenne)20 et au plantain lancéolé (Plantago lanceolata)20.
Où observer
Quand observer
Identité
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Le saviez-vous?
Valeur biologique
Les arbres isolés jouent un important rôle ornemental, paysager, mais aussi écologique puisqu’ils contribuent au maillage vert du canton. Disposés ponctuellement sur le territoire, ils permettent d’assurer une continuité entre les différents biotopes* en jouant le rôle d’escale5. De plus, par leur présence, ils contribuent à assurer la diversification des niches écologiques* mises à la disposition de la faune* et de la flore* (essentiellement lichens* et bryophytes*). C’est particulièrement vrai pour les essences indigènes* adaptées aux conditions de sol et de climat de la région, qui hébergent de nombreuses espèces* animales5, 9. Le chêne est sans doute l’essence la plus emblématique, puisque près de 300 espèces* lui sont inféodées*, 11.
Evidemment, les arbres isolés servent de perchoirs aux oiseaux. En campagne, les rapaces y trouvent refuge, comme le faucon crécerelle par exemple, qui contribue à la régulation des populations de petits rongeurs5.
Les vieux troncs laissés sur pied, ou ceux présents au sol, sont très favorables à la biodiversité*. Ils peuvent accueillir des lichens*, des mousses, des oiseaux, des chauves-souris, mais aussi des insectes saproxyliques (qui dépendent du bois mort ou mourant pendant une partie de leur cycle de vie) comme le lucane cerf-volant (Lucanus cervus).
Les arbres isolés fournissent également un certain nombre de services écosystémiques*, 19 : comme toutes les surfaces boisées, les arbres isolés fonctionnent durant leur croissance comme des puits de carbone en stockant le carbone atmosphérique dans leurs tissus19. Cette séquestration contribue à limiter temporairement l’émission de gaz à effet de serre; ils assurent aussi la régulation du ruissellement des eaux lors de fortes précipitations, contribuant ainsi à décharger les réseaux de canalisation19; ils jouent un rôle dans le captage des polluants atmosphériques (COS, NO2, poussières fines) en les interceptant dans leurs tissus foliaires19, et permettent la régulation du climat urbain (refroidissement de la température l’été, climatisation) par évapotranspiration*, 2.
Vulnérabilité et gestion
La comparaison des photographies aériennes du début du XXe siècle avec celles de 20126, met en évidence la diminution du nombre d’arbres isolés dans le paysage. Si en zone rurale une grande partie d’entre eux semble avoir régressé suite à la mécanisation des travaux agricoles au même titre que les vergers haute-tige, en ville cette évolution tiendrait surtout au développement des grands projets urbanistiques qui ont atteint leur apogée dans les années 19607, 12. Toutefois, la situation s’est aujourd’hui largement améliorée. L’Etat de Genève a adopté depuis 1976 un règlement sur la conservation de la végétation arborée qui assure la protection des arbres isolés8. Désormais, les abattages font l’objet d’une requête auprès du canton8. Lors d’un projet de construction, si l’abattage s’avère indispensable et qu’une autorisation est octroyée, des plantations de compensation doivent être réalisées. Dans le cas où cela se révèlerait impossible, notamment faute de place disponible, une valeur monétaire est attribuée aux individus abattus. Ce montant est alors investi dans des mesures de compensation en faveur de la nature.
Afin d’améliorer la conservation et le suivi du patrimoine arboré genevois, les arbres isolés font l’objet d’un inventaire cantonal des arbres (ICA). La base de données qui en résulte est alimentée avec des informations concernant l’essence, l’âge, la structure ou le contexte général propre à chaque sujet. Les données collectées sont accessibles au public sur le guichet Nature des SITG*,16 ou sur la carte interactive de la Ville de Genève17. Notons que cet inventaire n’est pas lié à la carte des milieux puisqu’il intègre des éléments de localisation à une échelle encore plus précise.
De plus, un outil de gestion centralisé ainsi qu’un outil d’analyse18, capable de générer des rapports synthétiques de l’inventaire sur une parcelle cible, ont été développés. Ces applications, destinées en premier lieu aux gestionnaires des collectivités, permettent de faciliter l’entretien du patrimoine arboré. Il s’agit de veiller au bon développement des arbres, dans un environnement complexe, parfois fortement artificialisé* et soumis à de nombreuses contraintes : sols pauvres et compactés, espace limité pour les racines, faible apport en eau et en éléments nutritifs*, concentration souvent élevée en sel et air relativement pollué9. Il convient également de composer avec la présence d’éléments urbains particuliers comme l’éclairage public, les bâtiments, le réseau électrique aérien ou sous-terrain, les lignes de tram ou les gabarits routiers10 qui influencent l’entretien des sujets. De plus, les lieux publics sont très fréquentés, ce qui implique d’intégrer à la gestion des aspects sécuritaires afin de limiter les risques d’accident. Sur le plan sanitaire, une veille, comparable à celle réalisée en forêt ou sur les vergers, est mise en place. L’objectif est de pouvoir repérer, localiser et traiter au plus vite les organismes pathogènes ou ravageurs (chancre coloré du platane, mineuse du marronnier, processionnaire du chêne et du pin, etc.). Face à ces multiples défis, l’inventaire cantonal des arbres, et les outils qui en sont dérivés permettent de centraliser l’information et d’optimiser l’efficacité du suivi.
Les arbres isolés sont des éléments trop ponctuels pour constituer une véritable formation végétale. A ce titre, ils ne présentent pas de dynamique évolutive. Notons que le potentiel écologique des sujets, en particulier chez les essences indigènes*, évolue généralement avec le temps en faveur de la biodiversité*: l’apparition de cavités, la présence de branches mortes ou le développement de fentes dans l’écorce sont autant de niches écologiques* colonisables par les organismes vivants.