Végétations des rives d'eau courante

Glycerio-Sparganion / Phalaridion arundinaceae / Caricion remotae

Description

Sous le terme « végétations des rives d’eau courante » sont majoritairement cartographiés les milieux qui bordent des cours d’eau soumis à une faible dynamique alluviale* ; caractéristique qui les distingue des glariers végétalisés de l’Allondon ou de la Laire.

La carte cantonale des milieux regroupe à l’échelle du 1: 5’000e les trois variantes suivantes :

  • les groupements à glycéries (Glycerio-Sparganion) sont adaptés à une alternance modérée du niveau d’eau (maximum 0,6 m de variation) et se rencontrent au pied des berges des petites rivières7, 8 à écoulement rapide. Ils se développent sur un substrat de type limoneux à graveleux, humide en permanence, riche en nutriments et soumis à une aération plus ou moins régulière, ce qui les distingue des roselières7.
    Les glycéries (Glyceria fluitantis, G. notata)7, 8 sont souvent dominantes. Elles sont parfois accompagnées de l’épilobe rosé (Epilobium roseum), de la véronique mouron d’eau (Veronica anagallis-aquatica)1, 8 et de la délicate berle dressée (Berula erecta)7, 8, typique des tronçons calmes et ombragés2. Certaines plantes enracinées sur les berges forment un tapis et tendent à recouvrir complètement le lit des plus petits ruisseaux, c’est notamment le cas du cresson d’eau (Nasturtium officinale)7, 8 et de la véronique des ruisseaux (Veronica beccabunga)7, 8. Il est également possible de rencontrer des groupements dominés par le rubanier négligé (Sparganium erectum subsp. neglectum)7, 8, par exemple le long de la Seymaz.
    Notons que cette végétation se mélange régulièrement avec des éléments des roselières comme le roseau commun (Phragmites australis)7, l’alpiste roseau (Phalaris arundinacea)7 ou l’iris jaune (Iris pseudacorus)7, 8.
  • les roselières à alpiste (Phalaridion arundinaceae) se développent principalement sur les alluvions récentes des cours d’eau, le plus souvent sur des substrats limoneux ou sableux, mais parfois aussi caillouteux7. Elles se rencontrent dans les fossés à marnage* important ou, plus rarement, à la périphérie des plans d’eau7 sur des surfaces d’atterrissement*, 1. Dans tous les cas, elles sont soumises à de fortes fluctuations du niveau d’eau du sol (jusqu’à 2 m)7 avec une alternance de périodes de crue et d’exondation* qui favorise tantôt le dépôt de particules fines, tantôt la libération des éléments nutritifs* (minéralisation*)7 .
    Cette formation se caractérise par la présence de l’alpiste (Phalaris arundinacea)1, 7, 8 qui tend à former des populations monospécifiques* d’une hauteur moyenne de 2 m. La libération d’éléments nutritifs* favorise l’apparition d’espèces des sols riches en nutriments comme la morelle douce-amère (Solanum dulcamara)7, 8 ou des plantes associées aux ourlets eutrophes telles que le gaillet gratteron (Galium aparine)7 ou le liseron des haies (Calystegia sepium)7. Il est parfois possible d’observer des rudérales comme la prêle des champs (Equisetum arvense)7 ou le cresson des forêts (Rorippa sylvestris)7 indicatrices d’un caractère pionnier.
  • les groupements à laîches à épis espacés (Caricion remotae), très discrets et minoritaires à Genève, se situent aux abords des sources, des résurgences d’eau ou des chemins forestiers humides4. Ils sont généralement dominés par des petites touffes de laîche à épis espacés (Carex remota)3, 8 accompagnées par la cardamine flexueuse (Cardamine flexuosa)3, 4, 8. Avec un peu de chance, il est également possible d’y apercevoir une espèce peu fréquente sur le canton: la cardamine amère (Cardamine amara)4.

Où observer

Pour observer la végétation des groupements à glycéries, rendez-vous sur les rives de la Seymaz (Choulex) ou le long de l’Hermance (Anières, frontière française).

Quand observer

Entre juin et août pour pouvoir observer les espèces des groupements à glycéries, comme le rubanier négligé ou la berle dressée en fleur.

Profil

Surface en hectares
9.9
Pourcentage du canton occupé
0.04%
Humidité
Minimum Moyenne Maximum
4.1 4.5 5
Acidité
Minimum Moyenne Maximum
2.9 3 3.1
Richesse en nutriments
Minimum Moyenne Maximum
3.1 3.5 3.9
Granulométrie
Minimum Moyenne Maximum
4.3 4.6 5
Naturalité
Value
5

Le saviez-vous?

Comme de nombreux milieux humides, les végétations situées le long des rives d’eau courante constituent un filtre naturel capable d’améliorer significativement la qualité des eaux. En effet les plantes qui s’y développent absorbent une partie des nitrates et des phosphates (souvent d’origine agricole) contenus dans l’eau. De plus, elles contribuent à l’oxygénation du milieu en libérant de l’oxygène atmosphérique par leurs racines, favorisant ainsi l’activité bactérienne responsable de la dégradation des déchets organiques. Notons que le rubanier (Sparganium erectum) est même parfois utilisé dans les stations d’épuration où il participe à l’assainissement des eaux !

Valeur biologique

Certains insectes affectionnent tout particulièrement les groupements à glycéries, qu’ils choisissent comme lieu d’émergence1, c’est-à-dire pour accomplir la mue qui les transformera d’un stade larvaire aquatique à un stade adulte terrestre. C’est le cas par exemple des libellules, comme l’agrion de mercure (Coenagrion mercuriale), ou des éphémères. Ces groupements abritent également un certain nombre d’espèces menacées* comme le myosotis gazonnant (Myosotis cespitosa)1 ou le rubanier négligé (Sparganium erectum subsp. neglectum)7 qui font l’objet d’une protection régionale.

Vulnérabilité et gestion

Comme la plupart des milieux aquatiques soumis aux variations de niveau d’eau, les groupements à glycéries dépendent du maintien d’une dynamique hydrologique* naturelle qui garantit l’alternance de phases d’inondation et d’exondation*, 1. Bien qu’ils soient plutôt résistants à la pollution et à la pression humaine, l’artificialisation* des berges a néanmoins entraîné un appauvrissement de leur diversité floristique1. Toutefois, ils profitent de l’excellente capacité de régénération des plantes qui les composent1. Ils sont favorisés par la fauche des rives, qui limite le développement des roselières. Les cours d’eau étant des voies de dispersion faciles, ils constituent des biotopes* privilégiés pour la propagation des espèces invasives*, qui s’installent rapidement sur les berges attenantes. La situation est fréquente pour l’impatiente glanduleuse (Impatiens glandulifera)2 et la renouée du Japon (Reynoutria japonica)2. C’est plus rarement le cas de la jussie à grandes fleurs (Ludwigia grandiflora)2, dont les tiges flottantes peuvent recouvrir complètement les petits cours d’eau et générer des conditions asphyxiantes défavorables à la flore et à la faune indigènes6. Une surveillance et un arrachage systématique selon les directives en vigueur sont donc préconisés.

Dynamique

Fichier

Espèces

Flore vasculaire
Berle dressée Berula erecta
Laîche à épis espacés Carex remota
Epilobe rosé Epilobium roseum
Glycérie flottante Glyceria fluitans
Glycérie plissée Glyceria notata
Iris jaune Iris pseudacorus
Cresson d’eau Nasturtium officinale
Alpiste roseau Phalaris arundinacea
Cresson des forêts Rorippa sylvestris
Rubanier négligé Sparganium erectum subsp. Neglectum
Véronique mouron d’eau Veronica anagallis-aquatica
Véronique des ruisseaux Veronica beccabunga
Oiseaux
Troglodyte mignon Troglodytes troglodytes
Odonates
Caloptéryx éclatant Calopteryx splendens splendens
Caloptéryx vierge Calopteryx virgo virgo
Agrion de Mercure Coenagrion mercuriale
Cordulégastre annelé Cordulegaster boltonii
Agrion à larges pattes Platycnemis pennipes
Orthoptères
Conocéphale gracieux Ruspolia nitidula
Lépidoptères
Azuré de l’ajonc Plebejus argus
Coléoptères terrestres
Lepyrus palustris
Nanophyes marmoratus
Plantes invasives
Impatiente glanduleuse Impatiens glandulifera
Jussie à grandes fleurs Ludwigia grandiflora
renouées Reynoutria spp
Solidage du Canada Solidago canadensis
Solidage géant Solidago gigantea
Faune invasive
Grenouille rieuse Pelophylax ridibundus
Auteurs
Sophie Pasche, Yves Bourguignon, Pascal Martin, Florian Mombrial, Patrice Prunier