Gravières

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Description

Principalement localisées à l’ouest du canton dans la Champagne genevoise, les gravières sont des sites d’exploitation temporaire destinés à l’extraction des argiles, sables, graviers et blocs de pierres dures2 utilisées dans la construction et l’aménagement. D’aspect très minéral, elles offrent un paysage hétérogène composé de falaises, de tas de graviers, de surfaces excavées et de mares* temporaires. Elles présentent également des contacts directs avec les milieux* pionniers*, typiques des surfaces remaniées.

Où observer

A l’ouest du canton, au lieu-dit Champs Pointus (Avusy).

Quand observer

Toute l’année.

Profil

Surface en hectares
90.5
Pourcentage du canton occupé
0.30%
Humidité
-
Acidité
-
Richesse en nutriments
-
Granulométrie
-
Naturalité
Value
2

Le saviez-vous?

La survie des espèces* pionnières* dépend aujourd’hui fortement de l’existence d’habitats* de substitution qui offrent des conditions de vie comparables à celles de leur milieu d’origine. Mais qu’adviendra-t-il lorsque tout le gravier du canton aura été exploité (soit dans environ 80 ans) ? Pour certaines espèces*, des relais de qualité pourraient exister en zone agricole. C’est par exemple le cas du crapaud calamite (Epidalea calamita), qui peut trouver refuge dans les champs labourés ou les pâturages. La végétation éparse (strate* herbacée* nulle ou rase), ainsi que la présence de gouilles temporaires, favorisées par l’hétérogénéité du relief, sont des conditions propices à son maintien. Pour pérenniser la survie de ces espèces*, la mise en place d’un vaste réseau d’habitats* au plan national est aujourd’hui envisagée3. La DGAN* cherche également à maintenir dans la durée quelques milieux* pionniers*, dans des secteurs identifiés pour leur qualité biologique et leur potentialité de mise en réseau. Ces sites, d’une surface limitée, sont destinés à maintenir en place un noyau d’espèces* pionnières*. L’entretien régulier nécessaire pour assurer le rajeunissement* du milieu* s’avère toutefois difficile à mettre en oeuvre. Le gestionnaire est souvent confronté à un choix cornélien : faut-il enrayer la succession naturelle des végétations au profit des espèces* pionnières* ou laisser s’installer de nouveaux milieux*, favorables à d’autres formes de biodiversité* ?

Valeur biologique

La perte de dynamique hydrologique* des rivières a entraîné la diminution des milieux* pionniers* dans les secteurs qui étaient régulièrement remaniés par les crues. Dans le vallon de l’Allondon, la comparaison visuelle entre les photographies aériennes de 1932 et celles d’aujourd’hui témoigne de la disparition de près de la moitié des surfaces d’alluvions4. Sur le Rhône, les grands travaux d’aménagement (construction des barrages de Verbois et de Chancy-Pougny, correction du tracé) ont contribué à la chenalisation* du fleuve, faisant disparaître les surfaces de divagation naturelles. Faute d’habitats* disponibles, les espèces* riveraines pionnières* ont alors fortement régressé1, 2 et se sont déplacées dans les gravières, qui offrent aujourd’hui de précieux habitats* de substitution. Il est par exemple possible d’y rencontrer l’œdipode émeraudine (Aiolopus thalassinus) ou le tetrix des vasières (Tetrix ceperoi), des criquets aujourd’hui en danger de disparition au niveau suisse4. Habituellement familiers des terrains remaniés par les crues, ces deux orthoptères* ont su tirer profit des surfaces exploitées par l’homme: amoncellements de sable, graviers, petites gouilles2. C’est également le cas du crapaud calamite (Epidalea calamita), qui colonise fréquemment les gravières où il trouve quelques mares* temporaires, façonnées par l’exploitation humaine, pour assurer sa reproduction.

Signalons également que les gravières hébergent certains oiseaux menacés* comme le petit gravelot (Charadrius dubius), qui installe son site de nidification au sol, sur les graviers. Quant à l’hirondelle des rivages (Riparia riparia) et le guêpier d’Europe (Merops apiaster), ils creusent des galeries dans les falaises sableuses dégagées par l’exploitation2.

Vulnérabilité et gestion

La surveillance de la gestion des gravières est du ressort du Service de géologie, sols et déchets (GESDEC*) du canton. Pour en savoir plus, se reporter à leur site web.

Précisons que certains entrepreneurs s’engagent en faveur de la biodiversité durant la durée d’exploitation des gravières et bénéficient ainsi de la certification «Nature & Economie»6. Des collaborations avec la DGAN* sont alors possibles afin d’aménager des surfaces favorables aux espèces* pionnières*, comme la création de gouilles pour le crapaud calamite (Epidalea calamita).

Cartographie

Dans la carte cantonale des milieux, seules les surfaces nues, minérales sont assimilées aux gravières. Les formations végétales pionnières* sont rattachées aux terrains piétinés et rudéraux ou aux communautés rudérales à annuelles et pluriannuelles.

Dynamique

En fin d’exploitation, si elles sont laissées à leur évolution naturelle, les gravières sont progressivement colonisées par les organismes pionniers* (lichens*, mousses, végétaux vasculaires*). Capables de résister à l’absence prolongée d’eau, ces organismes modifient les conditions du milieu et contribuent à la constitution d’un humus*. Les espèces* rudérales* annuelles* et pluriannuelles* font aussi leur apparition profitant de stratégies de reproduction efficaces (nombreuses graines, multiplication végétative). Sur la durée, les rudérales* laisseront la place à des espèces* plus compétitives à croissance lente comme les ligneux*. Notons qu’à Genève, la pression sur le territoire et les enjeux liés à la disponibilité des terres agricoles induisent une remise en état rapide des surfaces. Les conditions à remplir sont formalisées dans la loi cantonale sur les gravières et exploitations assimilées (L 3 10 – LGEA) entrée en vigueur en janvier 20005 . Les terrains laissés à l’abandon après leur exploitation sont aujourd’hui des exceptions.

Espèces

Oiseaux
Petit gravelot Charadrius dubius
Guêpier d’Europe Merops apiaster
Hirondelle de rivage Riparia riparia
Amphibiens
Crapaud calamite Epidalea calamita
Orthoptères
OEdipode émeraudine Aiolopus thalassinus
Tetrix des vasières Tetrix ceperoi
Coléoptères terrestres
Chrysolina populi
Saperda populnea
Auteurs
Sophie Pasche, Yves Bourguignon, Pascal Martin, Florian Mombrial, Patrice Prunier