Autres surfaces dures

Euphorbion, Polygono-Coronopion, Lolio-Plantaginion

Description

Sous le terme «autres surfaces dures» sont cartographiées les surfaces en revêtements durs qui ne sont ni des routes, ni des bâtiments, ni des voies ferrées. Elles englobent donc les trottoirs, les surfaces imperméables privées, les parkings, les pavements, les cours intérieures, les places d’aviation, les bassins de STEP, les fontaines, les piscines, ainsi que divers autres objets. Bien que très artificialisées*, ces surfaces peuvent ponctuellement être colonisées par quelques formations végétales éparses, adaptées à des conditions écologiques très contraignantes (piétinement, réserve hydrique très limitée).

La carte cantonale des milieux regroupe à l’échelle du 1: 5’000e les trois variantes suivantes :

  • les groupements à euphorbe prostrée (Euphorbion) se développent sur des sols superficiels compactés ou des substrats artificiels très secs8. Typiques des secteurs piétinés ouverts (trottoirs, bords de route, pavés, goudrons fissurés)8, ils sont dominés par des graminées annuelles* thermophiles* telles que le chiendent pied de poule (Cynodon dactylon)8, la petite éragrostide (Eragrostis minor)8, la digitaire sanguine (Digitaria sanguinalis)8, parfois accompagnée de l’euphorbe maculée (Euphorbia maculata)8.
  • les groupements à renouée et coronope (Polygono-Coronopion) colonisent des sols superficiels compactés ou des substrats artificiels moyennement secs8. Présents sur des surfaces pavées, au pied des murs ou entre les fissures de goudron8, ils sont dominés par des espèces annuelles* telles que la matricaire odorante (Matricaria discoidea)8, le pâturin annuel (Poa annua)8, la renouée des graviers (Polygonum arenastrum)8. Il est parfois possible d’y observer la délicate spergulaire rouge (Spergularia rubra)8, l’euphorbe couchée (Euphorbia humifusa)8, l’oxalis corniculé (Oxalis corniculata)8 ou le coronope didyme (Coronopus didymus).
  • Les groupements à sagine couchée et bryum d’argent (Lolio-Plantaginion: Sagino-Bryetum) occupent des sols superficiels à réserve hydrique modérée8. Très ras, ils tolèrent un piétinement intensif au sein des pavages, dallages, fissures de goudron ou de béton8. Ils se caractérisent par la présence de la sagine couchée (Sagina procumbens)8 ou du bryum d’argent (Bryum argenteum)8.

Où observer

Un peu partout dans l’espace urbain : dalles, trottoirs, pavés, les surfaces dures sont nombreuses et variées.

Quand observer

Toute l’année.

Profil

Surface en hectares
2535.4
Pourcentage du canton occupé
0.02%
Humidité
Minimum Moyenne Maximum
2.5 2.6 2.8
Acidité
Minimum Moyenne Maximum
2.95 3 3.05
Richesse en nutriments
Minimum Moyenne Maximum
3.4 3.6 4
Granulométrie
Minimum Moyenne Maximum
3.9 4.2 4.6
Naturalité
Value
1

Le saviez-vous?

Il existe des solutions pour végétaliser les surfaces dures ! Sur les parkings destinés aux véhicules légers, sur les voies d’accès aux garages, sur les cheminements piétonniers ou les voies cyclables peu fréquentées, il est par exemple possible d’installer des dalles engazonnées. Il s’agit d’éléments préfabriqués (en béton ou en plastique) qui présentent des espaces destinés à être remplis de gravier, de sable ou de terre végétale. La mise en place de ces revêtements contribue au développement de la végétation et de la micro-faune (insectes, petits mammifères) dans l’espace urbain.

Valeur biologique

Considérablement artificialisées*, les surfaces dures ont une valeur biologique très limitée, qui s’explique en partie par la généralisation des revêtements imperméabilisés. Il existe néanmoins quelques très belles exceptions. C’est en tout cas ce qu’indique l’inventaire de la flore en ville1 réalisé par les CJB* entre 2011 et 2012, sur une vingtaine de sites prioritaires. Cette étude a en effet révélé la présence ponctuelle d’espèces rares* et menacées* au niveau suisse dans l’environnement urbain1, sur des aménagements d’apparence inhospitalière (trottoirs, murs, entourages d’arbres). L’étude a, par exemple, mis en évidence l’intérêt des dalles et des pavements traditionnels, dont les interstices sableux offrent de «micromilieux» de substitution, favorables au développement de quelques raretés végétales comme l’herniaire glabre (Herniaria glabra), l’herniaire velue (Herniaria hirsuta) ou la stellaire pâle (Stellaria pallida)1. Naturellement présentes dans les milieux graveleux, ces espèces ont trouvé dans l’environnement urbain des habitats* de substitution pour réaliser leur cycle de vie.

Vulnérabilité et gestion

Pour faire face à l’augmentation de la population, qui a plus que doublé à Genève en l’espace de soixante ans2, le tissu urbain s’étend et se densifie, générant d’importants besoins en termes d’habitats et d’infrastructures. Cette tendance évolutive est évidemment propice à l’expansion des routes, des bâtiments et des surfaces dures, qui contribue au «bétonnage» progressif du paysage mis en lumière par l’OFS* lors de l’étude comparative réalisée au niveau suisse entre 1985 et 20094. Si la grande majorité des nouvelles constructions sont implantées sur d’anciennes surfaces agricoles4, le développement des infrastructures contribue à la fragmentation des milieux* naturels. En 2009, le MBD* mettait en garde contre le morcellement des habitats*, un facteur préjudiciable pour les populations animales et végétales, qui tendent à être isolées, à s’appauvrir génétiquement et même, dans certains cas, à disparaître à l’échelle locale5, voire régionale. Conscient de la situation, le gestionnaire de la nature cherche aujourd’hui à intégrer les enjeux de biodiversité* dans les grands projets d’aménagement du territoire3. Les débats et les discussions suscités devraient permettre une planification territoriale plus harmonieuse.

C’est dans cette continuité que s’inscrit le programme Nature en ville de la DGAN*. Son objectif vise à favoriser la biodiversité et à améliorer le cadre de vie dans l’espace urbain tout en valorisant les milieux* adaptés à la flore* et la faune* indigènes*, 3. Cette ligne directrice s’appuie sur un certain nombre d’actions concrètes, réalisées en collaboration avec des partenaires variés tels les communes, les associations, les professionnels de la nature ou les milieux académiques et scientifiques3. Il s’agit, par exemple, d’inventorier la biodiversité* urbaine, d’identifier des continuités biologiques existantes et d’établir des propositions de mises en réseau, de valoriser la nature dans les espaces privés ou les jardins, mais également de délimiter des espaces à enjeux3. Le défi, ambitieux, est donc d’aménager des espaces qui permettent la cohabitation durable de l’homme et de son environnement naturel. Ainsi, les inventaires floristiques réalisés par les CJB*,1, et soutenus depuis 2015 dans le cadre du programme Nature en ville par la DGAN* et la Ville de Genève, apportent une contribution à l’amélioration des connaissances sur la richesse biologique de la Cité, une démarche qui devrait faciliter leur prise en compte dans les aménagements futurs.

A plus petite échelle, les surfaces dures imperméabilisées peuvent être remplacées selon l’usage par des surfaces perméables (pavés, graviers, dalles engazonnées)6, 7. Ces revêtements naturels permettent l’infiltration des eaux de pluie, qui ont tendance à se charger en polluants lorsqu’elles ruissellent, avant de se déverser dans les réseaux d’assainissement ou dans les nappes phréatiques7. De plus, ils permettent de réduire considérablement l’effet de barrière que constituent, pour certains animaux (micromammifères et insectes), la haute température et la faible hygrométrie des substrats imperméables7.

Dynamique

Les surfaces dures sont trop artificialisées* et entretenues pour présenter une colonisation importante par la végétation.

Espèces

Flore vasculaire
Coronope didyme Coronopus didymus
Chiendent pied de poule Cynodon dactylon
Petite éragrostide Eragrostis minor
Euphorbe maculée Euphorbia maculata
Matricaire odorante Matricaria discoidea
Pâturin annuel Poa annua
Renouée des graviers Polygonum arenastrum
Sagine couchée Sagina procumbens
Bryophytes
Bryum d’argent Bryum argenteum
Orthoptères
Grillon bordelais Eumodicogryllus bordigalensis
Auteurs
Sophie Pasche, Yves Bourguignon, Pascal Martin, Florian Mombrial, Patrice Prunier