Parois et débris rocheux

Asplenietea, Thlaspietea

Description

Les « parois rocheuses » sont des surfaces minérales verticales, plus ou moins mobiles, colonisées par une végétation éparse. La forte pente et les matériaux parfois friables qui les caractérisent empêchent généralement le développement de la végétation. A Genève, elles se rencontrent le long du Rhône ou dans les gorges creusées par certains cours d’eau comme dans le vallon de la Roulave. Les « débris rocheux » intégrés à cette catégorie correspondent aux surfaces d’éboulis que l’on retrouve parfois au pied des falaises.

La carte cantonale des milieux regroupe à l’échelle du 5’000e les deux variantes suivantes, qu’on retrouve aussi régulièrement sur les vieux murs de pierres : 

  • les groupements à capillaire rouge (ASPLENIETEA: Centrantho rubri-Parietarion, Cymbalario-Asplenion) se rencontrent sur les parois rocheuses et les murs bien exposés1. Ils se caractérisent par la présence de la chélidoine (Chelidonium majus)1, de la cymbalaire (Cymbalaria muralis)1, des orpins (Sedum album, S. dasyphyllum)1, du centranthe rouge (Centranthus ruber)1, et bien plus rarement de la pariétaire judaïque (Parietaria judaica)1, 2. Ils sont favorables à l’installation de petites fougères telles que la rue des murailles (Asplenium ruta-muraria)1 ou le capillaire rouge (Asplenium trichomanes subsp. quadrivalens)1. Egalement fréquente une mousse, Tortula muralis1, qui affectionne les situations de sécheresse prolongée.
  • les groupements à scrophulaire du Jura (THLASPIETEA: Scrophularion juratensis) se rencontrent sur les éboulis et débris rocheux de diamètre variable, plus ou moins mobiles1. Les éléments les plus fins (de 1 à 10 cm de diamètre) hébergent le délicat galéopsis à feuilles étroites (Galeopsis angustifolia)1. Les éléments grossiers (plus de 10 cm de diamètre) se caractérisent par la présence de l’épilobe romarin (Epilobium dodonaei) ou de la scrofulaire des chiens (Scrophularia canina), colonisant ponctuellement les gravières et les ballasts des chemins de fer.

Où observer

Dans la région naturelle du Moulin de Vert, depuis le point d'observation en haut de la falaise. Aux Teppes de Verbois, depuis l'étang Jacques Burnier.

Quand observer

Toute l'année.

Profil

Surface en hectares
3.9
Pourcentage du canton occupé
0.01%
Humidité
Minimum Moyenne Maximum
1.9 2.2 2.7
Acidité
Minimum Moyenne Maximum
3.4 3.8 4
Richesse en nutriments
Minimum Moyenne Maximum
2.4 2.8 3.3
Granulométrie
Minimum Moyenne Maximum
1.5 2.3 3.5
Naturalité
Value
5

Le saviez-vous?

Avec le temps les emblématiques falaises du Moulin de Vert se cimentent. Les parois autrefois friables deviennent compactes et, petit à petit, la colonisation par la végétation devient possible.

Valeur biologique

Valeur biologique Les parois rocheuses accueillent une flore pionnière* plutôt banale, qui compte plusieurs fougères (Asplenium ruta-muraria, Asplenium trichomanes, Ceterach officinarum). Sur le plan faunistique, elles hébergent les oiseaux nichant dans les anfractuosités tels que le faucon pèlerin (Falco peregrinus), le faucon crécerelle (Falco tinnunculus), le grand corbeau (Corvus corax) ou, plus rarement, l’hirondelle des rivages (Riparia riparia) qui a besoin de substrat meuble pour creuser sa galerie. Cette particularité l’oriente habituellement vers des parois friables, renouvelées à intervalles réguliers par les éboulements et l’érosion. Notons que ce type de milieu* n’est plus présent naturellement sur le canton depuis la construction, dans les années 1940, du barrage de Verbois qui a fortement réduit la dynamique alluviale* du Rhône.

Les falaises sableuses, comme celles situées sous le cimetière Saint-Georges en ville de Genève, sont souvent colonisées par les abeilles sauvages qui y construisent leur nid, pour autant qu’elles trouvent des sources de nourriture à proximité.

Vulnérabilité et gestion

Les parois rocheuses à forte pente sont situées dans des lieux difficiles d’accès, ce qui limite le dérangement. Si elles ne sont pas trop raides et en l’absence de rajeunissement (érosion, mouvement de blocs), certaines d’entre elles tendent à se végétaliser. Ailleurs, selon la composition du matériau d’origine, une cimentation des parois est parfois observée. C’est, par exemple, le cas des emblématiques falaises du Moulin de Vert qui subissent un compactage progressif de leur matériau. La remise à nu des surfaces représentant un coût important pour la collectivité, aucune mesure n’est entreprise. Toutefois, ponctuellement, au gré des opportunités de chantier, de nouvelles parois peuvent être dégagées. C’est ce qui a été tenté au Moulin de Vert durant l’été 2016, lors de la restauration de l’étang ouest. Mais relevons qu’il s’agit toujours de surfaces réduites, sans comparaison possible avec ce qui peut exister en nature. Pour pallier le manque de falaises sableuses propices à l’établissement de l’hirondelle des rivages, un projet pilote a été lancé en 2016 à la Passe-de-Peney (Satigny)3. Des buttes artificielles composées de matériaux sablo-limoneux ont été installées. D’une durée de vie de cinq à dix, elles seront rafraîchies chaque année au début du printemps avec une petite pelleteuse afin d’offrir aux oiseaux de nouveaux sites de nidification3.

Cartographie

La carte cantonale des milieux* est calquée sur une vue aérienne du territoire, qui identifie et délimite avec précision les surfaces horizontales telles que praires, champs, forêts, plan d’eau, etc. Malheureusement, la verticalité des parois rocheuses les a rendus presque indétectables pour la procédure de classification semiautomatique employée; leur surface réelle est donc largement sous-représentée.

 

Les parois rocheuses verticales ne font généralement pas l’objet d’une colonisation par la végétation du fait de leur verticalité. En bas de pente, la relative stabilité des éboulis facilite la colonisation par les groupes pionniers* (lichens*, mousses). Capables de résister à l’absence prolongée d’eau et aux perturbations mécaniques, ces derniers modifient progressivement les conditions du milieu* et contribuent à la constitution d’un humus* favorable à l’établissement des premières rudérales à annuelles et pluriannuelles.

Espèces

Flore vasculaire
Rue des murailles Asplenium ruta-muraria
Capillaire rouge Asplenium trichomanes subsp. quadrivalens
Centranthe rouge Centranthus ruber
Cétérach officinal Ceterach officinarum
Chélidoine Chelidonium majus
Cymbalaire Cymbalaria muralis
Epilobe romarin Epilobium dodonaei
Galéopsis à feuilles étroites Galeopsis angustifolia
Pariétaire judaïque Parietaria judaica
Scrofulaire des chiens Scrophularia canina
Orpin blanc Sedum album
Orpin à feuilles épaisses Sedum dasyphyllum
Bryophytes
Tortula muralis
Oiseaux
Grand corbeau (nidification) Corvus corax
Faucon pèlerin (nidification) Falco peregrinus
Faucon crécerelle Falco tinnunculus
Orthoptères
OEdipode turquoise OEdipoda caerulescens
Lépidoptères
Moro-sphinx Macroglossum stellatarum
Autres
Osmie cornue Osmia cornuta
Auteurs
Sophie Pasche, Yves Bourguignon, Pascal Martin, Florian Mombrial, Patrice Prunier