Haies taillées

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Description

Formations arbustives linéaires plantées ne dépassant pas 3-4 m de haut1, les haies taillées sont fréquentes dans l’espace périurbain, en particulier dans les quartiers résidentiels, mais aussi le long des voies de communication (routes, autoroutes) où elles structurent le paysage, tout en garantissant un aspect ornemental favorable au délassement2.

Les haies taillées sont composées d’espèces* indigènes* telles que le charme (Carpinus betulus), le hêtre (Fagus sylvatica) ou le noisetier (Corylus avellana) et d’espèces* exotiques*, dont les plus fréquentes sont les thuyas (Thuja spp.) et le laurier-cerise (Prunus laurocerasus), régulièrement accompagnées de variétés horticoles* à vocation esthétique comme le forsythia (Forsythia x intermedia) ou le laurier du Portugal (Prunus lusitanica). Parfois monospécifiques*, les haies taillées sont la plupart du temps composées d’un mélange d’espèces* indigènes*, exotiques* et horticoles*.

Où observer

Le long de la bande centrale de l’autoroute Lausanne- Genève, à la hauteur de l’aéroport de Cointrin. A l’ouest du cimetière Saint-Georges, le long de la route du Pont-Butin.

Quand observer

Toute l’année.

Profil

Surface en hectares
37
Pourcentage du canton occupé
0.13%
Humidité
-
Acidité
-
Richesse en nutriments
-
Granulométrie
-
Naturalité
Value
3

Le saviez-vous?

A Genève, le logo « Charte des Jardins » permet d’identifier chez son pépiniériste les essences indigènes* sauvages qui sont à privilégier lors de l’installation d’une haie, afin de favoriser la biodiversité.

Valeur biologique

Les haies taillées permettent de structurer l’espace, tout en faisant écran au vent et au bruit1, 3. Par l’intermédiaire de leurs racines, elles facilitent l’infiltration des eaux de pluie et le drainage des sols3. Les haies peuvent représenter un apport important pour la biodiversité dans les espaces périurbains lorsqu’elles sont composées d’un mélange avec au moins 30% d’espèces* d’arbrisseaux* et d’arbustes* indigènes* (noisetier – Corylus avellana, charme – Carpinus betulus, viornes – Viburnum lantana et V. opulus, cornouillers – Cornus sanguinea et C. mas, troène – Ligustrum vulgare). Elles peuvent offrir des ressources en nourriture et des abris pour la petite faune* (petits mammifères, oiseaux, sauterelles, papillons), pour autant qu’elles soient entretenues de manière extensive*.

Toutefois, ces haies sont en général régulièrement taillées (1-2 fois par an) à des fins pratiques (disponibilité de l’espace) ou esthétiques. Ce traitement réduit les structures pour la petite faune* et limite la présence de fruits, ce qui a un effet sur la quantité de nourriture disponible. De plus, la présence de nombreuses espèces* exotiques* (thuyas, laurier-cerise) ou horticoles*, qui n’ont aucun intérêt pour la biodiversité* locale, diminue grandement la valeur biologique des haies taillées. Les haies constituées d’une seule espèce*, même indigène*, sont moins intéressantes pour la biodiversité*. Il en est de même pour les haies taillées «au carré». Par exemple, les haies de charmilles (Carpinus betulus) tirées au cordeau sont pauvres en structures, ce qui ne permet pas l’installation d’un cortège faunistique diversifié.

Vulnérabilité et gestion

Nombreuses dans les «quartiers villas», les haies taillées sont installées pour leur capacité à délimiter les parcelles de manière décorative. Les espèces à feuillages persistants sont souvent favorisées pour créer un espace à l’abri des regards. Ces haies sont taillées une ou deux fois par an, généralement au milieu de la période de végétation1.

Une cartographie des milieux naturels et semi-naturels réalisée par les CJB* en 2010 estime que la commune de Chêne-Bourg bénéficie d’un linéaire de près de 25 km de haies4, dont la plupart sont régulièrement entretenues ou composées d’essences exotiques*/horticoles* sans intérêt pour la faune* locale. Ce constat permet de prendre conscience du potentiel d’amélioration qui existe en faveur de la nature, puisque des mesures simples peuvent être mises en œuvre afin d’améliorer leur attractivité.

Il s’agit, par exemple, de planter des espèces* indigènes* lors de la création ou du remplacement de haies2, 5, 6. Certaines de ces espèces*, comme le troène et le charme, ont un feuillage semi-persistant. Attention cependant lors de l’achat: de nombreux arbustes proposés en jardinerie sous l’appellation «haie vivante» ou «haie mélangée» ne sont pas de véritables espèces sauvages indigènes*, mais des variétés horticoles* à fleurs stériles qui ne produiront pas de fruits5, ce qui réduit leur intérêt pour la petite faune*.

Pour favoriser la biodiversité*, il s’agit également d’entretenir ces haies de manière plus extensive, en favorisant différents gabarits au sein de la structure. Pour l’entretien, le gestionnaire de la nature conseille de pratiquer un recépage* et une taille sélective tous les 3 à 10 ans, afin de contenir le gabarit de la haie. Toutefois, pour mettre en pratique cette proposition, il est nécessaire d’avoir une largeur suffisante à disposition, souvent un peu supérieure à la place prise par la structure. Lors de la taille, on veillera à préserver un maximum de fruits encore sur pied5. Ce calendrier d’intervention espacé est favorable à la petite faune* et représente conjointement un précieux gain de temps pour le praticien2. Notons que les interventions doivent être évitées pendant la période printanière, afin de ne pas déranger la nidification des oiseaux.

Pour en savoir plus sur la gestion des haies d’essences indigènes*, se reporter à la fiche buissons mésophiles ou thermophiles.

Cartographie

Parce qu’elles couvrent de petites surfaces et sont difficiles à discriminer des buissons mésophiles ou thermophiles par une procédure de sélection automatisée, les haies taillées sont aujourd’hui largement sous-représentées dans la carte des milieux du canton. Sur le terrain, les haies taillées se distinguent des buissons mésophiles ou thermophiles par l’entretien intensif* auquel elles sont soumises et/ou par la dominance des essences exotiques* et horticoles* et par la proximité avec les infrastructures (immeubles, villas, routes, chemins).

 

Dynamique

Plantées par l’homme et soumises à un entretien régulier, les haies taillées sont trop entretenues pour faire l’objet d’une dynamique de succession végétale*.

Espèces

Flore vasculaire
Erable champêtre Acer campestre
Buis Buxus sempervirens
Charme Carpinus betulus
Cornouiller mâle Cornus mas
Cornouiller sanguin Cornus sanguinea
Noisetier Corylus avellana
Hêtre Fagus sylvatica
Troène Ligustrum vulgare
Sureau noir Sambucus nigra
If Taxus baccata
Thuya d’Orient Thuja orientalis
Viorne lantane Viburnum lantana
Viorne obier Viburnum opulus
Lépidoptères
Pyrale du buis (ravageur) Cydalima perspectalis
Coléoptères terrestres
Bupreste du Thuya Lamprodila festiva
Horticoles
Deutzies Deutzia spp.
Bambous Fargesia ssp., Phyllostachys ssp
Forsythia Forsythia x intermedia
Mahonia Mahonia x media
Photinia Photinia x fraseri
Laurier du Portugal Prunus lusitanica
Symphorine Symphoricarpos albus
Lila commun Syringa vulgaris
Weigelia Weigelia spp
Plantes invasives
Buddleia de David Buddleja davidii
Chèvrefeuille du Japon Lonicera japonica
Laurier-cerise Prunus laurocerasus
Auteurs
Sophie Pasche, Yves Bourguignon, Pascal Martin, Florian Mombrial, Patrice Prunier