Forêts de robiniers

Chelidonio-Robinion

Description

Les formations à robiniers (Chelidonio-Robinion: Chelidonio-Robinietum) sont des groupements arbustifs ou arborescents pionniers*, tolérants la sécheresse1, qui se développent la plupart du temps sur des terrains défrichés ou fraîchement remaniés1, 2. Les robiniers faux-acacia (Robinia pseudoacacia) sont très présents le long des axes de communication (routes, chemins de fer) où ils ont souvent été plantés par le passé3. Ils colonisent également de multiples autres milieux*, surtout après des épisodes de perturbations4, et ils entrent en compétition avec les groupements végétaux* indigènes*.

Le robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia) est héliophile* et pousse très vite, ce qui lui permet de coloniser rapidement des sols perturbés. Dans les formations forestières à robiniers, il domine la strate* arborée. Il est souvent accompagné par le sureau noir (Sambucus nigra)3, 4 en strate* arbustive, ainsi que par des espèces* grimpantes, surtout le lierre (Hedera helix)4 et la clématite blanche (Clematis vitalba)4. En strate* herbacée, des espèces* associées aux ourlets eutrophes rudéralisés* comme l’alliaire pétiolée (Alliaria petiolata)4, le gaillet (Galium aparine)3, 4 ou la benoîte commune (Geum urbanum)4 bénéficient des propriétés fixatrices d’azote du robinier pour se développer3. Les espèces* herbacées typiquement forestières sont rares en sous-bois3.

Où observer

Le long de nombreux axes de communication. Par exemple le long de la route des Molards (Russin). En forêt, à la frontière franco-suisse, le lieu-dit Bois Brûlé (Dardagny) abrite un important peuplement de robiniers.

Quand observer

En mai-juin, pour admirer la belle floraison du robinier faux-acacia.

Profil

Surface en hectares
86
Pourcentage du canton occupé
0.30%
Humidité
Minimum Moyenne Maximum
2.7 2.9 3.1
Acidité
Minimum Moyenne Maximum
2.9 3.1 3.3
Richesse en nutriments
Minimum Moyenne Maximum
4 4.1 4.2
Granulométrie
Minimum Moyenne Maximum
3.8 3.9 4.1
Naturalité
Value
2

Le saviez-vous?

Les inflorescences du robinier faux-acacia font d’excellents beignets très parfumés ! Mais attention ! L’écorce, les graines ou les feuilles de l’arbre sont toxiques. Son bois, dur et imputrescible, est également très apprécié pour la fabrication de piquets, de poteaux, ainsi que pour la confection de parquets ou de meubles.

Valeur biologique

Originaire de l’est des Etats-Unis, le robinier faux-acacia a été introduit en Europe comme arbre ornemental et mellifère2, ainsi que pour la qualité de son bois dur et imputrescible2, 5. Il s’est ensuite rapidement naturalisé* sur le continent. Cet arbre a un caractère invasif* et est considéré en Suisse comme une espèce* néophyte* envahissante*, 2.

Même si elles peuvent présenter un sous-bois lumineux permettant l’expression de strates* herbacée et arbustive, les formations à robiniers n’accueillent pas d’espèces* rares* ou menacées*; notamment en raison des nodosités racinaires du robinier qui fixent l’azote atmosphérique, ce qui amène un enrichissement du sol en azote1. Ce phénomène, d’abord perçu comme un facteur d’amélioration des sols, conduit en réalité à l’élimination des espèces* spécifiques des sols maigres* et à une forte banalisation de la flore1. Avec sa capacité à coloniser rapidement les milieux* pionniers*, le robinier est un redoutable concurrent pour les espèces* pionnières* indigènes*, 1, 2. De plus, avec ses racines superficielles, il émet des rejets* qui lui permettent de coloniser les milieux* ouverts non perturbés comme les prairies maigres*, 2, ce qui augmente son potentiel de nuisance sur la biodiversité* indigène*.

Vulnérabilité et gestion

Depuis son introduction en Europe au début du XVIIe siècle1, 2, le robinier faux-acacia a été largement diffusé pour son intérêt ornemental, sa croissance rapide, la dureté de son bois et sa durabilité sans imprégnation, ainsi que pour sa capacité à enrichir les sols en fixant l’azote atmosphérique1, 2. A Genève, les robiniers ont longtemps été utilisés pour la stabilisation des talus1, où ils ont ensuite prospéré grâce à leur aptitude pionnière* (forte capacité de germination, de croissance et de drageonnement*)2, et donc héliophile*, leur permettant de s’installer très rapidement sur des surfaces ouvertes. Le robinier faux-acacia, grâce à sa capacité à fixer l’azote atmosphérique, peut coloniser des milieux* pauvres ou récemment perturbés9. Par contre, les terrains compacts, argileux et mal drainés ne lui conviennent pas, l’idéal étant les sols légers et filtrants, avec une alimentation en eau en profondeur10.

Dans les forêts du canton, la mauvaise qualité des tiges de cette essence est due essentiellement à l’absence de traitements sylvicoles plutôt qu’à des sols trop pauvres. Cette mauvaise qualité du bois ne permet de produire que des assortiments de faible valeur ajoutée comme du bois énergie*, des piquets ou des liteaux pour la construction de rambardes ou de panneaux. Cette essence, naturalisée* en Suisse, est considérée par Info Flora comme une espèce invasive*, 11. Elle s’avère particulièrement dynamique sur les stations sèches et chaudes11. Dans ces secteurs, le robinier, une fois établi, est très difficile à combattre du fait de son aptitude à rejeter de souche et à drageonner*. En milieu forestier fermé, sa capacité à coloniser le terrain est bien moins problématique et l’action du forestier portera avant tout sur son confinement, tout en maintenant un degré de couvert suffisant pour éviter tout risque d’invasion à l’intérieur des massifs. Il s’agira d’exploiter au mieux les robiniers en veillant à ne pas favoriser une nouvelle colonisation dans les coupes, tout en préparant la succession par d’autres essences en station* plus concurrentielles dans des conditions de luminosité moyenne (comme le chêne, le hêtre, le tilleul).

Le régime sylvicole de la futaie irrégulière*, qui consiste à faire cohabiter sur une même parcelle de manière durable et pérenne des arbres de diverses dimensions, d’essences et d’âges variés, est à ce propos particulièrement bien adapté pour contenir le développement du robinier en forêt. Il permet de favoriser le rajeunissement des essences indigènes* au détriment du robinier grâce à une habile gestion de l’ambiance lumineuse du sous-bois et du couvert forestier.

Dans les milieux* ouverts et sensibles, comme dans les réserves naturelles ou les zones alluviales*, 2, le robinier pose de sérieux problèmes aux gestionnaires. Cette situation implique de planifier sur le long terme la mise en œuvre de mesures actives d’éradication, accompagnées de contrôles réguliers de l’efficacité des interventions. L’usage de produits chimiques en forêt étant proscrit par la loi, des mesures d’ordre mécanique doivent être envisagées comme l’annelage progressif* (en période de végétation) ou le dessouchage* permettant de diminuer le risque d’apparition de rejets* de souche ou de drageons* suite à un abattage12. Afin d’éviter toute dispersion des graines dans des milieux récemment colonisés, il est préférable d’intervenir rapidement, au plus tard en début de floraison. Si les arbres en question sont implantés depuis plusieurs années, la période d’abattage n’est plus aussi importante, puisque le stock de graines constitué dans les sols est probablement déjà important.

Dynamique

Les forêts de robiniers colonisent les sols perturbés. La dynamique de succession* végétale de ces forêts est peu connue. Elles peuvent, entre autres, s’installer à la suite des groupement à Buddléia (Chelidonio-Robinion: groupement à Buddleja davidii). Il est possible que ces formations évoluent à terme vers des chênaies à charmes.

Ecogramme

Les robiniers présentent une large amplitude écologique qui va du sec à l’humide, des substrats acides aux substrats basiques6. Seuls les sols inondés en permanence sont un facteur limitant leur développement6.

Ecogramme

Fichier

Espèces

Flore vasculaire
Alliaire pétiolé Alliaria petiolata
Armoise commune Artemisia vulgaris
Brachypode des forêts Brachypodium sylvaticum
Brome stérile Bromus sterilis
Chérophylle penché Chaerophyllum temulum
Chélidoine Chelidonium majus
Clématite blanche Clematis vitalba
Fusain d’Europe Euonymus europaeus
Gaillet gratteron Galium aparine
Géranium herbe à Robert Geranium robertianum
Benoîte commune Geum urbanum
Lierre Hedera helix
Robinier faux-acacia Robinia pseudoacacia
Sureau noir Sambucus nigra
Torilis du Japon Torilis japonica
Ortie dioïque Urtica dioica
Coléoptères terrestres
Athous poilu Hemicrepidius hirtus
Autres
Xylocope violet Xylocopa violacea
Plantes invasives
Chèvrefeuille du Japon Lonicera japonica
Robinier faux-acacia Robinia pseudoacacia
Auteurs
Sophie Pasche, Stéphane Sciacca, Yves Bourguignon, Pascal Martin, Florian Mombrial, Patrice Prunier